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  • Tant que mes jambes me permettent de fuir, tant que mes bras me permettent de combattre, nulle crainte : je puis agir. Mais lorsque mes mains et mes jambes se trouvent emprisonnées dans les fers des préjugés, alors je frissonne, je pleure...
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23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 07:13

Certes, ce n'est pas Mohamed Bouazizi qui a fait la révolte de la Tunisie mais il a été tout simplement la flamme qui a allumée la mèche de la contestation. La révolte de Sidi Bouzid  s'inscrit dans un large mouvement de révoltes commencé à Gafsa en 2008, qui s'est poursuivi à Ben Gardane en août 2010 puis rallié par le ras le bol général de la répression politique, sociale, économique, culturelle, ...  exercée par le pouvoir mafieux des Ben Ali -Trabelsi. Ça faisait un moment que les Tunisiens contenaient leur colère mais le destin a choisi l'événement de l'immolation de Mohamed Bouazizi pour que le peuple tunisiens se réveille et sorte dans la rue pour exiger sa liberté à ses geôliers.la-famille-de-mohamed-bouazizi-Salem-Manoubia-Leila

Mohamed Bouazizi, ce garçon de 26 ans, chômeur, orphelin de père est l'homme de sa famille , marchand ambulant, vendant des fruits et légumes pour subvenir aux besoins financières d'une famille de sept enfants.

Le 7 novembre 2010, alors que le pays fête le 23e anniversaire de la confiscation par Ben Ali du pouvoir, on lui confisque encore une fois son étal. Mohamed est à bout de forces, il désespère, il dit à sa sœur Leïla "Ici, le pauvre n'a pas le droit de vivre", tout un symbole!

 Le 17 décembre 2010, on lui confisque encore une fois ses outils de travail, une charrette , une balance et sa marchandise. Il essaie de défendre sa cause et d'obtenir une autorisation et la restitution de ses biens auprès de la municipalité et du gouvernorat, il s'y fait insulter et chasser. Mohamed est un travailleur  clandestin, il n'a pas les moyens de verser des pots de vin pour obtenir son autorisation. Sa sœur Leïla, Bac + 3 au chômage explique : « Ce jour-là, les agents municipaux lui avaient confisqué son outil de travail et l'un d'eux l'avait giflé. Il s'est alors rendu à la municipalité, puis au gouvernorat pour se plaindre, mais ici, à Sidi Bouzid, il n'y a personne pour nous écouter. Ils marchent à la corruption et ne travaillent que pour leurs intérêts. »

Mohamed trime, mais ne se plaint pas. Le courage et la volonté ne lui suffisent plus pour affronter l'injustice et la dureté de la vie, il ne voit plus le bout du tunnel..il s'immole par le feu, avec son acte désespéré il voulait dénoncer une injustice, mais le destin a choisi ce sacrifice pour le graver dans l'histoire comme l'origine de la révolution du 14 janvier.

le 28 décembre 2010, l'ex-dictateur Ben Ali, malgré son Bac -7, a compris que le jeune homme était devenu un martyr de la révolte. Ce jour-là, il accueille sa mère et sa sœur au palais présidentiel, lui promettant 20.000 dinars (10.000 euros) !!!

Le jeune homme meurt le 4 janvier 2011, dix-huit jours après son acte désespéré. Le lendemain, la protestation s’étend encore. Le 5 janvier environ 5.000 personnes assistent à son enterrement. Dix jours plus tard, le régime autoritaire de Zine El-Abidine Ben Ali, en place depuis 23 ans, s’effondre.

Depuis cet événement, la famille Bouazizi n'est plus en paix. Cela  a commencé avec le ballet des  journalistes du monde entier qui se sont précipités devant la modeste demeure du martyr, les interviews, les flashs des photographes et les reportages des grandes chaines du monde  qui défilent sans cesse, chacun essayant de capter une exclusivité en décortiquant la vie de Mohamed et sa famille. Après, c'est le tour des ministres tunisiens, des dirigeants des partis politiques tunisiens, des grandes personnalités politiques du monde, des citoyens touchés par le désarroi de cette famille...Puis la compassion a fait place à la jalousie et la haine, les rumeurs ont commencé à courir  qu'ils étaient devenus riches, avec les dons de tout le monde et l'argent des médias...  les voisins se sentent délaissés... pourquoi il n'y a que cette famille qui profite du soutien du gouvernement, de tunisiens et d'étrangers généreux et pas eux. Eux aussi ils ont participé à la révolution et ils ont fait des sacrifices mais aux yeux de ces jaloux et de ces haineux, il n'a y que la famille de Bouazizi qui profite des retombées de cette révolution. La paranoïa s'installe dans la tête des gens frustrés et la vie devient impossible pour cette famille.  La sœur de Mohamed,  Leila a déclare au journaliste du Monde (1) : «On ne s’attendait pas à tout ça, c’est une catastrophe. » pour expliquer leur fuite de village de Sidi Bouzid et leur installation dans un quartier populaire de la banlieue de Tunis. «Jusqu’à aujourd’hui, l’Etat ne nous a rien donné à part 20000 dinars comme à toutes les familles de martyrs ».

Pour rassurer les jaloux paranoïaques et les haineux frustrés, Tarak Ben Ammar a annoncé qu'il préparait un film sur le jeune Tunisien Mohamed Bouazizi et que les recettes du film iront, à vie, à sa famille et ses descendants (2). Il y a surement, en tout cas je l'espère, des gens touchés par le désarroi de cette famille et de généreux donateurs qui les aident... et ALORS, cela pose un problème à qui? Peu importe l'argent que la famille de Mohamed Bouazizi a reçu ou va recevoir, est ce que cela peut remplacer leur fils mort pour sa dignité et indirectement pour la dignité du peuple tunisien?


 (1) Le Monde : Jeudi 7 avril 2011 - Page trois (2) AFP - Publié le 05/02/2011 
   
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